Jeu de l’Amour et du Hasard (Marivaux) : évolution de l’état intérieur de Silvia dans l’Acte II

  1. II, 6 « Ah le vilain homme » (à propos d’Arlequin qu’elle croit être Dorante)
  2. II, 7 « En un mot je n’en veux point. Apparemment mon père n’approuve pas la répugnance qu’il me voit ; car il me fuit et ne me dit mot. » (à Lisette à qui elle demande de révéler son identité, mais Orgon lui a interdit de le faire)

►► Face à la grossièreté d’Arlequin, Silvia est dégoûtée.

  1. II, 7 « Voyez-vous le mauvais esprit ! comme elle tourne les choses ! Je me sens dans une indignation… qui… va jusqu’aux larmes. » (à Lisette qui lui a dit « Je dis, madame, que je ne vous ai jamais vue comme vous êtes et que je ne conçois rien à votre aigreur. Eh bien, si ce valet n’a rien dit, à la bonne heure ; il ne faut pas vous emporter pour le justifier ; je vous crois, voilà qui est fini ; je ne m’oppose pas à la bonne opinion que vous en avez, moi. »)
  2. II, 7 « Elle a des façons de parler qui me mettent hors de moi. Retirez-vous, vous m’êtes insupportable » (à propos de Lisette)
  3. III, 8 « Je frissonne encore de ce que je lui ai entendu dire. Avec quelle impudence les domestiques ne nous traitent-ils pas dans leur esprit ! Comme ces gens-là vous dégradent ! Je ne saurais m’en remettre ; je n’oserais songer aux termes dont elle s’est servie, ils me font toujours peur. Il s’agit d’un valet ! Ah ! l’étrange chose ! Écartons l’idée dont cette insolente est venue me noircir l’imagination. »

►► Face à l’impertinence joueuse de Lisette qui joue «sans pudeur (avec « impudence ») avec les sentiments qu’éprouve Silvia pour Dorante, Sylvia est en colère.

  1. III, 8 « Voici Bourguignon, voilà cet objet en question pour lequel je m’emporte ; mais ce n’est pas sa faute, le pauvre garçon ! et je ne dois pas m’en prendre à lui. »
  2. II, 9 « Il me fait de la peine. » (à propos de Bourguignon)

►► Face à Bourguignon, elle éprouve de la pitié.

  1. II, 9 « J’ai besoin à tout moment d’oublier que je l’écoute. » (à propos de Bourguignon)
  2. II, 10 « Ah ! nous y voilà ! il ne manquait plus que cette façon-là à mon aventure. Que je suis malheureuse ! c’est ma facilité qui le place là. Lève-toi donc, Bourguignon, je t’en conjure ; il peut venir quelqu’un. Je dirai ce qu’il te plaira ; que me veux-tu ? je ne te hais point. Lève-toi ; je t’aimerais, si je pouvais ; tu ne me déplais point ; cela doit te suffire. » (à Bourguignon)

►► Face à ses sentiments pour Bourguignon, elle ne s’accepte pas elle-même, elle est mal-à-l’aise avec elle-même

  1. II, 11 « Quelque chose dans votre tête, à la bonne heure, mon frère ; mais, dans la mienne, il n’y a que l’étonnement de ce que vous dites. » (à Mario)
  2. II,12 à Mario avec feu.« Que vos discours sont désobligeants ! m’a dégoûtée de lui ! dégoûtée ! J’essuie des expressions bien étranges ; je n’entends plus que des choses inouïes, qu’un langage inconcevable ; j’ai l’air embarrassé, il y a quelque chose ; et puis c’est le galant Bourguignon qui m’a dégoûtée. C’est tout ce qu’il vous plaira, mais je n’y entends rien. »
  3. II,12 « On peut donc mal interpréter ce que je fais ! Mais que fais-je ? de quoi m’accuse-t-on ? Instruisez-moi, je vous en conjure ; cela est sérieux. Me joue-t-on ? se moque-t-on de moi ? Je ne suis pas tranquille. » (à Orgon)
  4. II, 12 à part.« J’étouffe » ! (devant Mario et Orgon)
  5. II, 13 « Ah, que j’ai le cœur serré ! Je ne sais ce qui se mêle à l’embarras où je me trouve ; toute cette aventure-ci m’afflige : je me défie de tous les visages ; je ne suis contente de personne, je ne le suis pas de moi-même. » (seule sur scène après l’échange avec Mario et Orgon, juste avant l’arrivée de Bourguignon qui va déclarer sa véritable identité)

►► Face à la manière d’agir incompréhensible de Mario et Orgon, elle troublée, perdue, inquiète (« pas tranquille »), mais aussi en colère.

  1. II, 13 « à part. Ah ! je vois clair dans mon cœur. » (juste après la révélation par Bourguignon de sa véritable identité) »

►► Quand Bourguignon révèle sa véritable identité, elle est libérée, soulagée, en paix avec elle-même.

  1. II, 12 « à part. Cachons-lui qui je suis… »
  2. II, 14 « Venez, sortons d’ici ; allons trouver mon père, il faut qu’il le sache. J’aurai besoin de vous aussi, mon frère. Il me vient de nouvelles idées ; il faudra feindre de m’aimer. Vous en avez déjà dit quelque chose en badinant ; mais surtout gardez bien le secret, je vous en prie…  (…) Allons, mon frère, venez ; ne perdons point de temps. Il n’est jamais rien arrivé d’égal à cela. »

►► Dès que Bourguignon s’est révélé, elle reprend le contrôle, redevient sûre d’elle-même.


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