Guerre ou paix ? Une animation de carême avec sœur Françoise et l’abbé Danny-Pierre

Ces jeudi et vendredi à l’Orangerie de notre école, plusieurs classes ont participé à une animation de carême proposée par l’abbé Danny-Pierre et sœur Françoise, ancienne professeure et sœur de la Providence.

Les élèves ont d’abord été invités à se situer dans l’espace, à gauche ou à droite, selon qu’ils étaient ou non d’accord avec diverses propositions :

  • L’attaque de l’Ukraine par la Russie est injuste.
  • Je m’engagerais comme soldat si la Belgique entrait en guerre au côté de l’Ukraine.
  • Je tirerais si j’étais sniper et avais Poutine dans mon viseur, en étant assuré qu’alors la guerre cesserait.
  • J’ai été victime d’injustice.
  • J’ai commis des injustices.
  • Je donnerais 10 euros à quelqu’un qui se rend sur place pour sauver, en Afrique, un enfant de la malaria ? 500 euros ? Un jour de ma vie ? Un mois de ma vie ? Un an de ma vie ? Toute ma vie ?
  • Si l’on m’offrait un smartphone, lequel choisirais-je : le meilleur des smartphones actuels, mais produit avec de l’injustice ou un smartphone bien moins performant, mais dont la fabrication est garantie sans injustice ?

Ensuite, à l’aide d’extraits vidéos, l’abbé Danny-Pierre a évoqué une figure chrétienne de la lutte non violente contre la guerre et l’injustice : Jean Goss, puis les élèves étaient invités à un geste symbolique. S’ils s’engageaient à une action contre l’injustice, ils pouvaient symboliser ce discernement et cette décision en posant, au pied de la croix et de la Parole de Dieu, un petit luminaire allumé au cierge.

En conclusion, après la lecture d’un extrait du chapitre 15 de l’Évangile de saint Jean (« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour ») et une prière de sœur Françoise, les élèves ont écouté et regardé un extrait de concert du groupe Koolulam qui chante « One day », de Matisyahou, en anglais, arabe et hébreu, pour la paix. (https://unitedwithisrael.org/fr/video-des-milliers-de-juifs-darabes-et-de-chretiens-israeliens-se-reunissent-et-chantent-pour-la-paix)

 

Servir ou se servir ?

Jean Goss (1912-1991) présenté par l’abbé Danny-Pierre à travers quelques interviews

Jean Goss est un militant chrétien pour la non-violence.

D’abord syndicaliste, il s’est battu en tant que soldat contre le nazisme. Lors de la bataille de Dunkerque, en plein champ de bataille, il comprend d’abord qu’il tue non pas Hitler, mais des Allemands qui sont des hommes ordinaires, pères ou futurs pères de famille, embarqués dans une guerre qu’ils n’ont pas nécessairement voulue.

Converti en plein champ de bataille…

Peu après, au milieu de cette bataille, il fait ce qu’il considère être une expérience de Dieu qui l’amène à une conversion au Christ, à aimer tous les hommes, à opter radicalement pour la non-violence.

« J’étais fou de joie et en même temps j’aimais tous les hommes, y compris les ennemis. J’avais découvert un homme qui avait un nom particulier : « amour ». Un amour actif, agressif contre le mal, mais un amour qui vivifie l’être humain, un amour rédempteur, qui paie pour l’autre, un amour non violent qui respecte l’être humain dans toutes ses dimensions. »

Fait prisonnier après la bataille, il frappera ses compagnons par son usage de la non-violence et son respect de ceux qui les gardaient. Ainsi, à un gardien particulièrement violent, il proposera que, puisqu’il semble avoir besoin d’être violent, il se limite à le frapper lui, Jean Goss. Le gardien cessera ensuite d’user de la violence.

La méthode non violente…

Jean Goss décrit la méthode non violente dans la lutte contre l’injustice.

Lorsque nous vivions une situation injuste, lorsque tout le monde rouspète dans son coin et ne fait rien, ne dit rien à haute voix :

  1. Dire publiquement que la situation est injuste, éveiller les consciences, dénoncer l’injustice.
  2. Refuser d’y participer de quelque façon que ce soit (refuser le silence complice, refuser les privilèges…).
  3. Être prêt à payer la facture : perdre ou risquer de perdre de son prestige, de son confort, des amitiés… risquer d’aller en prison, de recevoir des coups…

Il s’agit, dit Jean Goss, de porter sur soi le mal de la situation d’injustice. Comme le Dieu dont parle les Évangiles : un Dieu qui, non pas sacrifie l’homme pour Dieu, mais sacrifie Dieu pour l’homme. En portant sur lui le mal, en payant pour le mal, en corrigeant à sa racine la spirale de la violence.

L’être humain a été créé pour se servir… ou pour servir ?

Enfin, Jean Goss, indique le choix fondamental, le discernement premier, que chaque humain, selon lui et la tradition chrétienne, est appelé à faire, dont il est invité à prendre conscience.

Pour Jean Goss tout le mal vient de ce que l’être humain se sert des autres au lieu de servir les autres.

« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite. »
(Évangile selon saint Jean, chapitre 15)