Pourquoi il y a-t-il quelque chose et non pas plutôt rien ? Pourquoi l’existence de ce qui existe continue-t-elle ?
Cette question du philosophe allemand Leibnitz (1646-1716) est l’une des questions philosophiques les plus fondamentales… une question métaphysique parce qu’elle porte sur la raison ultime des choses et non sur le fonctionnement des choses.
Deux solutions métaphysiques classiques : le déisme et le matérialisme
- Les déistes considèrent qu’il faut affirmer que la matière tient son existence de Dieu et que Dieu est transcendant, qu’il n’appartient pas à l’ordre de réalité dans lequel nous existons.
- Au contraire les matérialistes considèrent que la matière existe par elle-même sans qu’il y ait besoin d’un principe transcendant pour qu’elle existe. Matière qui se transforme, évolue, dans des composés transitoires. La métaphysique des matérialistes est immanente sans recours à un principe transcendant.
Remarques :
- Un déiste n’est pas nécessairement adepte d’une religion. Le philosophe français Voltaire (18ème siècle) était déiste, mais combattait les religions. Dieu, pour lui, était le « grand horloger » de ce qui existe, mais il tenait pour mythiques les affirmations religieuses selon lesquelles Dieu se serait révélé à Moise ou Mohammed ou « en » Jésus.
- Le matérialisme existait dans l’antiquité : les épicuriens (disciples du philosophe grec Épicure) étaient matérialistes. Chez les latins, Lucrèce est l’un des disciples les plus célèbres d’Épicure : son matérialisme était atomiste. Il tenait que depuis toujours tombaient de minuscules particules insécables, incoupables, a-tomiques (tomos, en grec = coupe) et qu’une infime déviation de l’une d’elle avait produit une sorte de mouvement de carambolage qui explique le mouvement de la matière, son évolution, ses combinaisons, ses transformations.
Une non-position métaphysique : l’agnosticisme
« a » = sans
« gnose » = connaissance
Les agnostiques considèrent qu’il est impossible de répondre à la question métaphysique de Leibnitz et que mieux vaut ne pas chercher à y répondre en restant dans une indécision à ce sujet.
En wallon de Belgique, on dirait Dji n’sé nin, mi, « je ne sais non, moi »…. Djinséninmisme…
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Une chronique de 5′ sur la question (site de la chaîne publique radio France Culture)