Staline fréquenta d’abord le séminaire pour être prêtre, puis devint un délinquant avant devenir bolchévique et révolutionnaire…
Comment Staline (Napoléon dans La Ferme des Animaux) est-il parvenu à prendre le pouvoir, s’y maintenir et instaurer un régime totalitaire en URSS ?
Le roman de George Orwell décrit bien les moyens employés (et aussi les faiblesses des animaux sur lesquelles il s’est appuyé).
Le principal est l’utilisation de la terreur : Staline n’est pas l’inventeur de cette méthode, et pas non plus Lénine (Sage l’Ancien dans le roman, mais Sage l’Ancien représente aussi Karl Marx, le philosophe allemand du 19ème siècle dont se sont inspirés les révolutionnaires communistes).
C’est en réalité le troisième personnage important de la révolution communiste en Russie qui a d’abord théorisé l’usage de la terreur pour asseoir le pouvoir communiste : Léon Trotsky (Boule de Neige dans le roman).
Mais bien d’autres moyens ont été mis en œuvre : cette vidéo les explique bien (être attentif aux mots-clés qui parsèment le document et nomment ces moyens).
Quelques années après Staline, Hitler utilisera les mêmes moyens. De même en Chine : Mao Tse Toung ; au Cambodge : Pol Pot et ses Khmers Rouges ; en Corée du Nord : Kim Il-sung, puis ses descendants.
L’URSS sous Staline, un régime totalitaire
- Écarter les rivaux : Trotsky, les premiers révolutionnaires, les bras droits
- Effacer les traces du passé (la religion, les églises)
- Embrigadement de la jeunesse
- Culte de la personnalité : modifie sa biographie, maquillage, affiche…
- Propagande (le rôle de « Brille-Babil », « babil/bavardage brillant », dans le roman d’Orwell : il représente à la fois La Pravda/La Vérité, journal officiel du parti communiste soviétique, et Viatcheslav Molotov)
- Manifestation de masse organisée ou manifestation « spontanée »
- Se donner des ennemis extérieurs et des ennemis intérieurs
- Procès politiques : aveu obtenu sous la torture, autocritique publique
- Organisation de famine (Ukraine en 1933 : 5 millions de morts)
- Police politique : état policier contrôlé par les agents de Staline
- Déportations arbitraires dans les Goulags (camps de « travail », camp concentration)
- Pousser à la dénonciation des voisins
- Exécutions de masse avec quotas (la « grande terreur »)
- Falsification de l’histoire
- Nomenklatura : création d’une nouvelle génération de dirigeants qui lui doivent tout et qui profite des richesses du pouvoir
Autres moyens trouvés par les élèves après avoir lu le livre :
- Napoléon réduit ses apparitions
- Il annule les assemblées où l’on débat, discute
- Manifestations, défilés…
- Il présente ou Brille Babil présente son action comme un « sacrifice » pour le bien des animaux
- Il agit ou fait agir en cachette (les modifications du règlement ne se font pas sur la place publique)
- Utilisation de la censure (interdiction de chanter « Bêtes d’Angleterre »)
- Napoléon se présente comme seul candidat à la Présidence
- Napoléon utilise les faiblesses des animaux : illettrisme, faiblesse de la mémoire, bêtise
- Napoléon lance des rumeurs
- La promesse d’un monde meilleur
- Napoléon laisse aux autres le sale boulot
- Il s’entoure d’un groupe de fidèles inconditionnels
- Éliminer toute concurrence
- Rituels réguliers : des réunions le dimanche…
- Créations de « mythes » : la légende de « Sage l’Ancien » par exemple
- Utilisation du manque d’attention des animaux, de leur distraction
- Flatte certains animaux
- Organise des visites truquées de la ferme pour faire croire aux étrangers que le système est merveilleux
- Fait en sorte que les citoyens soient très occupés au travail
- Il fait penser à son peuple que tout va de mieux en mieux
- Rejette toujours la faute sur les opposants
- Mensonge
- Offre des choses luxueuses à ses bras droits + médailles, récompenses
- Argument du « tout vaut mieux que le retour à la situation antérieure »
- Fait croire qu’il est bon
- Un chant partisan que tout le monde chante
Les moyens proposés par les élèves pour résister de façon non-violente à l’instauration ou au maintien d’un régime totalitaire
Une réflexion intéressante d’une élève en préalable : « Je pense vraiment qu’il n y a aucune méthode non violente qui aurait réellement pu fonctionner. C’est impossible de dissuader une personne qui accorde tant d’importance au contrôle qu’il a sur les autres, ce pouvoir qu’il exerce comme bon lui semble. »
À discuter…
Voici toutefois des propositions d’élèves :
- Mettre des limites dès le début // Ils n’auraient directement pas dû accepter
- S’enfuir, quitter le pays
- Travailler moins, ralentir la cadence
- Trouver de l’aide à l’extérieur
- Apprendre à ne plus croire ce qui est raconté par la propagande
- Essayer de parler directement au leader
- Défendre ceux qui sont présentés faussement comme des ennemis de l’intérieur
- Ne pas voter pour le leader
- Manger en cachette des rations interdites de nourriture
- Faire bloc ensemble et se retirer, désobéir
- Voler la nourriture
- Apprendre à lire et écrire
- Identifier les piliers sur lesquels se pose le pouvoir
- Voir grand, mais commencer petit, discrètement
- Élaborer une stratégie précise, étape par étape, jusqu’à l’objectif
- Ne pas se décourager et aller jusqu’au bout de l’objectif
- Ne pas se laisser prendre dès le début. Suivre son instinct dès les premiers doutes.
- Développer la mémoire pour prendre conscience des manipulations
- Essayer de trouver un nouvel opposant à Napoléon
- Ils pourraient essayer de discuter avec Napoléon, émettre des contre-arguments.
- Ne pas respecter les règles
- Aller prévenir les animaux des autres fermes
- Garder leurs petits chez eux ou au moins ne pas les donner à n’importe qui pour éviter leur endoctrinement
- demander à voir les documents, ainsi que le pour et le contre
- se poser plus de questions
- Chercher à amadouer Napoléon. Hypothétiquement parlant ils auraient pu essayer de faire de « la gratte » dans le sens où ils l’amadoueraient en lui faisant des compliments, le vénérant. En rajoutant un « je suis sûr que vous ne feriez jamais quelque chose dans votre unique intérêt » « Merci de nous guider et de ne pas être comme Jones en faisant… (les mêmes choses qu’il fait) ».
- Ils auraient pu tous se mettre à la politique et donc ne pas se faire marcher dessus par Napoléon
- Grève
- Développer la communication
- Utiliser l’humour
- Monter les molosses les uns contre les autres // en semant le désordre dans la hiérarchie
- Discuter entre eux pour se rendre compte plus vite qu’ils se font avoir // convaincre de ne plus écouter le dictateur
- Modifier les affiches
- Contre-propagande
- Si le pays est attaqué, ne pas le défendre
- Saboter le matériel
- Ne plus l’écouter, faire comme s’il n’existait pas
- Se souvenir, garder en mémoire
Un personnage significatif de la Ferme des Animaux : le corbeau
Le corbeau représente la religion chrétienne dans le roman d’Orwell : comme les prêtres catholiques et les popes orthodoxes, il est habillé tout de noir, en soutane…
Dans le marxisme et le communisme qui s’en inspire, la religion est rejetée parce qu’elle est « l’opium du peuple ». Ce sont des régimes athées.
Philosophe et économiste, Karl Marx considère comme une illusion la religion et l’arrière-monde de bonheur qu’elle promet après celui-ci dans lequel on a souffert. C’est une drogue que les puissances économiques capitalistes utilisent pour endormir le prolétariat (les travailleurs) exploité et éviter sa révolte contre un système économique et politique injuste.
« La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’un état de choses sans esprit. Elle est l’opium du peuple. »
Marx s’appuie aussi sur le lien entre les classes sociales supérieures et le pouvoir religieux.
À noter toutefois que la religion est plus ambivalente que ne le pensaient les marxistes. Si elle peut être utilisée pour soumettre les peuples aux autorités et aux puissants, elle peut aussi être un ressort de révolte, de refus de la soumission. Les croyants, en effet, peuvent également, grâce à leur foi, être libérés de leurs peurs d’une part et, d’autre part, parce que pour eux « Dieu seul est Dieu », ils peuvent refuser de se soumettre et « d’aduler » le dirigeant d’un régime totalitaire.
L’action, dans les années 80, du Pape Jean-Paul II (un Pape qui venait de Pologne et qui avait connu le régime communiste) est un des facteurs qui a accéléré l’effondrement du système communiste soviétique (1989 : chute du mur de Berlin). Avec l’action, en Pologne, du syndicat Solidarnosc, syndicat très marqué par le catholicisme (notamment son leader Lech Walesa).
Une question de fond posée par un élève
Pourquoi le pouvoir est-il si important pour Napoléon ?
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Une page sur le totalitarisme stalinien
Pour prolonger : le pays des Schtroumfs est-il totalitaire ?