L’approche philosophique
Le mot « philosophie » est composé de deux mots grecs : philia (amour d’amitié) et sophia (sagesse). Le philosophe est donc celui qui aime la sagesse, la recherche. Non dans un but seulement égocentré (pour « profiter » de la sagesse), mais aussi pour la servir, la faire aimer, la faire rechercher par tous.
Cette sagesse comporte deux dimensions liées :
- une dimension théorique: il s’agit de comprendre de ce qui est, de le connaître, de le voir en face (en grec théorein = voir, contempler).
- une dimension pratique: il s’agit de vivre dans ce réel
La démarche philosophique se refuse à être superficielle : elle veillera à s’interroger sur des questions fondamentales (profondes, essentielles, « premières ») et à chercher des réponses générales (qui concernent tout et tous). Son outil sera la raison, seule capable de parler à tous, de convaincre tous. Son attitude première sera et devra rester l’étonnement.
Emmanuel Kant (18e) propose quatre questions fondamentales :
- Que puis-je savoir ?
- Que dois-je faire ?
- Que m’est-il permis d’espérer ?
- Qu’est-ce que l’homme ?
Leibnitz (18e) en évoque une autre question fondamentale : Pourquoi il y-a-t-il quelque chose et non pas plutôt rien ?
Descartes part, lui d’une autre interrogation : De quoi puis-je être certain ?
Quelques domaines de la philosophie :
- L’épistémologie traite des conditions de la connaissance
- la physique : l’étude de la nature, de ce qui est perceptible
- l’éthique (la morale) qui cherche à découvrir ce qu’il faut faire, comment il faut agir (pour être heureux)
- la logique qui cherche à mettre en place une manière rigoureuse de réfléchir, de raisonner
- La métaphysique qui s’interroge sur les questions les plus fondamentales, les questions « premières », au-delà de la « physique », de la science. L’ontologie, par exemple, réfléchit sur l’existence en tant que telle, sur « l’Être ».
Une mini présentation de quelques philosophes sur le site Philo5
L’approche scientifique
La science a pris son autonomie et s’est séparée de la philosophie. Son objectif est de théoriser le fonctionnement de la nature pour la maîtriser (d’où le lien entre science et technologie).
La méthode scientifique est théorique et expérimentale. Le scientifique élabore une théorie sur le fonctionnement de la nature tout en créant des expériences qui la testent, qui puissent ou corroborer (renforcer) cette théorie ou la réfuter.
Galilée, par exemple, quand il théorise qu’un corps qui tombe accélère selon un certain facteur, imagine l’expérience du plan incliné qui peut ou corroborer ou réfuter sa théorie :
https://www.dailymotion.com/video/xgl4ab
Remarques :
- Souvent la science est associée à la vérité (on parle de « vérités scientifiques« ). C’est une grave et dangereuse erreur épistémologique : ce qui fait la scientificité d’une théorie, ce n’est pas qu’elle est établie, qu’elle est incontestable.C’est au contraire qu’elle est réfutable, explique le philosophe Karl Popper. Même si une théorie paraît très plausible, même si un très grand nombre d’expérimentations l’ont corroborée, il est toujours possible qu’un fait expérimental la réfute.
On voit bien par ailleurs que la science n’a cessé d’évoluer en remettant en cause ou en élargissant les théories élaborées dans le passé.
On devine aussi qu’il pourrait être dangereux que des idéologies politiques, se basant sur des prétendues « vérités » scientifiques définitives, se passent de la démocratie, débouchent sur des régimes totalitaires.
À propos de Karl Popper : https://philosciences.com/philosophie-et-science/methode-scientifique-paradigme-scientifique/112-karl-popper-et-les-criteres-de-la-scientificite
- Il faut distinguer sciences humaines (psychologie, sociologie) et sciences dites « exactes » (physique, chimie, biologie). La difficulté des sciences humaines est que le scientifique fait partie du phénomène qu’il théorise. En outre, éthiquement, il n’est pas toujours possible de réaliser « en vrai » certaines expériences visant à corroborer ou réfuter une théorie psychologique ou sociologique – par exemple l’expérience du dilemme du train, avec sa variante de l’homme obèse, est difficilement envisageable « réellement » :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Dilemme_du_tramway
L’approche artistique
La philosophie et la science peinent à être universelles, à « parler à tous ». Leur langage est difficile, elles sont souvent très abstraites, difficiles à comprendre.
C’est bien moins le cas de l’art qui parle facilement à tous (même si des œuvres sont parfois plus difficiles).
La démarche artistique consiste à donner forme à une matière : les mots, la langue, pour l’écrivain (le poète) ; la glaise, le bois… pour le sculpteur ; les pigments pour le peintre, etc.
À l’époque classique (17e siècle), les écrivains et artistes donnaient un double objectif à l’œuvre d’art : plaire (provoquer une émotion, un plaisir, esthétique) et instruire (donner à réfléchir, à penser). L’œuvre d’art a donc une portée symbolique qui peut être fort profonde et amener le lecteur ou le spectateur à réfléchir sur diverses questions existentielles.
Paul Ricœur, un philosophe français, définit ainsi le symbolique : il est ce qui donne à penser. C’est aussi le cas de l’œuvre d’art. Mais Ricœur ajoute que ce que donne le symbole relève de « l’interprétation » : autrement dit, il ne s’agit pas d’expliquer une œuvre d’art comme si elle avait un sens unique à établir, mais d’en proposer des interprétations.
Jouons le jeu… que vous donnent à penser, deux de ces cinq oeuvres d’art (cliquez sur les miniatures pour agrandir) ?…
Longueur du travail : au moins 80 mots par oeuvre.
L’approche religieuse
Traditionnellement deux étymologies existent pour le mot « religion ». Elles impliquent une manière différente de concevoir ce qu’est une religion.
- Lactance, un auteur chrétien du 4ème siècle, conseiller de l’empereur chrétien Constantin, estime que le mot « religion » vient du latin « religare » (relier). La religion est donc une institution qui relie les hommes à Dieu et les hommes entre eux.A ces yeux de chrétien, la religion doit être « catholique », universelle (c’est le sens du mot « catholique ») puisqu’il s’agit de relier l’ensemble des humains et à Dieu et les uns aux autres. L’empereur « chrétien » sera considéré comme le lieutenant de Dieu pour assurer l’unification sociale de l’humanité ; les Évêques unis au Pape assurent, eux, le lien des humains avec Dieu. Cette vision a donné lieu à une singulière civilisation : la chrétienté, laquelle a été abolie avec la Révolution Française.
- Cicéron, auteur romain non chrétien du premier siècle avant Jésus-Christ, avait avancé une étymologie sans doute linguistiquement plus correcte. Pour lui, le mot vient de « re-legere », « re-cueillir ». Est « religieux » l’homme qui s’arrête, fait le point sur sa pratique devant les dieux (Cicéron est un polythéiste) pour ne pas « négliger » (ne-legere) ses devoirs et les accomplir avec « diligence » (sans traîner)[1].Cicéron oppose l’homme religieux qui librement « respecte » les dieux à l’homme superstitieux qui a peur de ceux-ci et règle sa vie en fonction de cette soumission.La conception de Cicéron ne convient-elle pas à notre époque « laïque » ? La laïcité : une organisation politique qui a rompu avec l’idée d’une religion unique ou profit d’une vision de la société où les citoyens peuvent adhérer à une multiplicité de religions ou de systèmes de valeurs et où l’Etat est neutre par rapport à ces choix.L’homme « religieux » n’est plus celui qui adhère à « La » religion officielle, mais qui librement se « recueille » personnellement devant Dieu en qui il a choisi de croire ou devant les valeurs qu’il a choisies : pour choisir (élire ; ex-legere) ce qu’il y a pour lui de meilleur et chercher à y conformer son existence.——–
[1] « Ce ne sont pas les philosophes seuls, ce sont aussi nos ancêtres qui ont distingué la religion de la superstition. Ceux qui, des journées entières, adressaient des prières aux dieux et leur immolaient des victimes pour que leurs enfants leur survécussent (superstites essent) on les a qualifiés de superstitieux (superstitiosi) ; ce mot a pris plus tard un sens plus étendu. Ceux qui en revanche s’appliquaient avec diligence au culte des dieux, en le reprenant et en le relisant, méritaient le qualificatif de religieux qui vient de relire (religiosi ex relegendo) comme élégant d’élire (elegantes ex eligando), diligent d’être zélé (ex diligendo diligentes), intelligent d’entendre (ex intelligendo intelligentes). On retrouve dans tous ces mots l’idée d’un legendi comme dans religieux. Entre superstitieux et religieux, il y a donc cette différence que le premier de ces vocables désigne une faiblesse (vitii : vice, défaut), le second un mérite (laudis : vertu, qualité). » Cicéron, De la Nature des dieux, 2, 28, 71
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