« À l’école de guerre de la vie. — Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort. » (Le Crépuscule des Idoles)
Pour Nietzsche, la « Grande Santé » n’est pas un état idéal à atteindre et où se reposer. Elle est un instrument que l’on doit toujours reconquérir pour aller de l’avant, grandir en puissance. Même la souffrance, la maladie, les échecs, le déclin peuvent alimenter la « volonté de puissance » qui habite ceux qui ne sont pas devenus des « décadents » et donc les rendre plus forts. Pour Nietzsche, nous ne sommes pas des « moi » statiques, des individus stables qui n’auraient pour souci que de se conserver.
Cette santé n’est pas seulement une santé du corps, mais aussi de l’esprit, de la pensée : la maladie, c’est aussi mal penser.
Nietzsche est un penseur du tragique : la vie, le réel, est tragique. L’accepter n’entraîne pas de tristesse. L’être humain, quand il est porté par sa volonté de puissance, trouve la Joie dans son acceptation de la dimension tragique du réel.
« Puissance » ici : non pas puissance sur autrui pour le dominer, mais « potentiel » qui est en nous et demande à se développer.
Cette recherche de la Grande Santé est-elle donnée à tout le monde ? Beaucoup ne préfèreront-ils pas des discours lénifiants (qui cherchent à apaiser la souffrance, à calmer l’angoisse, par des illusions). Ce serait une forme de décadence, selon Nietzsche. La Grande Santé, c’est aussi dépasser les « valeurs » lénifiantes.
Il place parmi les valeurs lénifiantes le christianisme culpabilisateur quand il fait de la souffrance la conséquence expiatrice de « fautes » qu’aurait commises celui qui souffre, souffrance qui permettrait de « de gagner son paradis. » Ce type de christianisme, sans doute, existe, mais je ne suis pas sûr que ce soit un christianisme correctement compris. J’y reviendrai dans un autre article. En tout cas, ne nous culpabilisons pas et ne cherchons pas des coupables quand nous souffrons ou voyons souffrir, dirait Nietzsche !
Pour découvrir la pensée de Nietzsche, une série de quatre émissions des Chemins de la Philosophie sur France Culture :
Évidemment, c’est une émission parfois compliquée à comprendre, mais notre cerveau est fait pour se confronter à ce qui le dépasse et ensuite se développer pour le comprendre, l’intégrer, puis le dépasser.
Les premiers mots que nous avons entendus, en naissant (« C’est un garçon » ou « C’est une fille »), nous n’y avons d’abord rien compris (il n’est d’ailleurs pas sûr que nous les ayons aujourd’hui vraiment totalement compris), et pas davantage les autres phrases qui ont longtemps accompagné nos premiers mois de vie… mais la « volonté de puissance » qui habitait notre cerveau nous a permis de nous développer pour comprendre ces phrases, et même pour aller plus loin que ce qu’elles disent…
Bref… plongez votre cerveau dans cette émission philosophique et les autres de la série (ainsi que dans les autres présentes sur le site de cette émission de France Culture) : ça ne vous tuera pas !
La série de quatre émissions consacrées à Nietzsche :
https://www.franceculture.fr/emissions/series/quatre-nietzscheens